A vant que la séance ne commence, je me rappelle de cet homme qui s'aperçoit s'être trompé de salle et jure plusieurs fois avant de partir. C’est bête, il a peut-être raté là un film qui lui aurait plu à lui aussi, " Les gens de la pluie " de Francis Ford Coppola. Je ne l'ai pas regardé de nouveau par choix mais j'en ai des souvenirs forts, encore des mois après. Aimant les roads movies, ce film avait toutes les chances de me plaire. Elle est au volant, lui est sur le siège passager. Et moi j'ai comme la sensation d'être sur la banquette arrière depuis mon fauteuil de cinéma. Être spectatrice et passagère du film. L'écran du cinéma devient la fenêtre d'une voiture, j'observe ce qu'il se passe, totalement absorbée par les moindres détails. C'est surtout elle que je regarde, cette femme enceinte qui fuit et vient de laisser son époux, encore endormi dans le lit. Pour lui je n'éprouve rien, il se réveillera et verra qu'elle n
Dans cette même chambre où elle rêve, elle a appris par cœur la disposition des meubles, mettant en place des repères et des astuces. Il y a toutes ces choses concrètes. Quand nous n’avons aucun problème, tout coule de source, sans réfléchir on pose un pied devant l’autre et trace notre chemin parmi tous les passants. On prend le métro, faisons des courses, étudions... Mais quand un handicap apparaît, alors il faut réapprendre. J’ai pu m’en apercevoir. Après une hospitalisation, je dois réapprendre les actions simples que sont s'asseoir et marcher. Et après quelques jours, je suis fière des pas que je fais dans le couloir de l'hôpital. Être heureuse de savoir me laver, marcher, m'asseoir toute seule m’aurait pourtant paru absurde avant. Les difficultés rencontrées forcent à s’adapter et permettent de se révéler. Gagner quelque chose d’autre, ailleurs. Catherine appuie ses propos; elle est fière du chemin parcouru, de son indépendance acquise au fil des années. Ce sont des