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Émilien, voyageur

Pour cette première interview, j'ai souhaité parler du voyage, l'impact qu'il peut avoir dans une vie. Pour ce, j'ai interviewé Émilien (mon frère) qui voyage depuis 2016. Après avoir été en Australie et en Nouvelle-Zélande et en Asie, il voyage maintenant en Amérique latine. Voici les questions auxquelles il a répondu!




1. Avant tout, il peut être intéressant que tu donnes ta définition du terme "voyage".
Pour certaines personnes un voyage n'est vu que comme des vacances prolongées. Or, je pense qu'un voyage peut être entrepris pour plusieurs raisons,  découverte de soi,  d'une culture, remise en question, apprentissage d'une langue... Tout le monde a  sa façon de voyager,  parcourir des pays entiers à pieds,  vélo,  auto-stop,  camper, van...
Tandis-que les vacances seront beaucoup plus organisées, préparées, standardisées du fait que le temps est compté. La personne reprendra ses habitudes après la fin de celles ci.
La différence est importante aussi au niveau du budget,  quand on sait qu'on a 5 semaines de vacances dans l'année (la France en pôle position),  on a bien l'intention d'en profiter,  les dépenses seront plus conséquentes notamment niveau confort avec hôtels, restaurants ainsi que les activités.
 
2. D'où t'es venue l'envie de voyager?                                                                                                        
De nombreux éléments m'ont encouragés  à faire le grand pas. Avant tout c'était un rêve de gosse,  l'Australie et son immensité,  à l'opposé du globe par rapport à la France. L'envie d'apprendre l'anglais et me découvrir en dehors de mon quotidien à Toulouse ont été également des raisons qui m'ont données cette envie d'ailleurs.

3. Après deux ans de voyage à travers différents pays, en as-tu tiré des choses? Si oui, lesquelles?
J'ai beaucoup appris de mon premier voyage et je continue à apprendre de jour en jour. La patience,  le fait de relativiser face  à un imprévu sont des éléments qu'on doit apprivoiser si on veut durer dans son voyage tout en se faisant plaisir. Cela m'a également permis de rencontrer des personnes du 4 coins du monde, appris aussi à mettre de côté les préjugés qui sont parfois bien facilement utilisés dans notre société médiatique. 

4. Généralement la question de l'argent se pose dès que tu évoques le fait que tu voyages. Comment gères-tu tes dépenses?
Mes dépenses diffèrent en fonction des pays que j'ai visité,  par exemple pour la Nouvelle-Zélande et la côte ouest australienne,  mon budget était uniquement consacré à la nourriture parce que je faisais du stop et dormais dans ma tente.
Actuellement je suis en Amérique du Sud et le coût de la vie est bien moins important ce qui me permet de dormir en auberge de jeunesse et manger dans des marchés. 

5. Le minimalisme et le voyage vont-ils de pair selon toi?
Je pense que le voyage nous fait prendre conscience que l'on peut très bien vivre avec le strict nécessaire sans être dans le besoin. J'ai commencé mon voyage avec un sac de 80L pour le finir en Asie avec un sac de 25L. J'étais davantage autonome,  une sensation de liberté ! 

6. Peux-tu parler du rapport que tu as pu voir entre les Hommes et l'écologie?
Ils sont extrêmement liés,  une fois à des milliers de kms de chez soi on se retrouve vite confronté à des tristes de réalité concernant les innombrables déchets sur les voies publiques, mais aussi sur les plages paradisiaques, l''abus de poches plastiques qu'on vous donne pour le moindre achat. Le Vietnam et le Nicaragua malgré leurs beautés restent très pollués,  et très pauvres...

7. Quelques mots sur l'alimentation?
Mon mode d'alimentation a  changé lors de mon second voyage,  je suis devenu végétarien pour des raisons éthiques et de santé.  Je consomme très peu d'alcool. J'essaye aussi de manger local le plus souvent possible et évite les restaurants du style occidental pour faire vivre l'économie locale.

8. Quelles sont les lectures que tu aimerais partager car elles t'ont marquées?
Au niveau de mes lectures je suis très axé dans le développement personnel et apprentissage des langues.
J'apprécie particulièrement Dale Carnegie écrivain psychanalyste du début du 20ème siècle qui explique avec facilité les enjeux des relations humaines.
Je me suis récemment acheté un livre numérique qui me permets un gain de place et une collection de livre importante ce qui va d'ailleurs de pair avec l'aspect minimaliste précédemment évoqué.

9. As-tu une anecdote que tu aimerais partager ?
Plusieurs souvenirs me viennent à l'esprit... Je pense que ma nuit au sommet du volcan du Tongariro crossing restera pour le moins marquant.  Non seulement pour le cadre exceptionnel mais aussi pour les conditions météorologiques pour le moins dangereuses.
Connaissant la réputation du Tongariro je ne voulais en aucun cas rater cette randonnée,  je décide de quitter la ville de Taupo et fais du stop,  une dame et son petit fils s'arrêtent pour me déposer au début de la randonnée. Les conditions météo n'était vraiment pas top,  il y avait de la pluie et
du vent, tous les gens faisaient demi tour...  Je décide de tenter ma chance. Je pensais la faire en 2 jours,  je disposais avec moi d'eau,  nourriture et tente. Je commence à arpenter le long chemin qui mène au volcan.  Après de nombreuses heures de marche et avoir croisé quelques personnes faisant demi tour je me retrouve seul au pied du volcan.  Je choisis d'escalader le volcan avec mon sac de 25 kgs,  pas trop minimaliste à l'époque ! L'ascension est très longue,  énormément de brouillard,  je ne vois quasiment rien,  à chaque pas dans la roche volcanique je dérape un peu en arrière,  je m'arrête à plusieurs reprises,  c'est alors que le vent se lève et pousse tout le brouillard je découvre alors tous les lacs qui m'entourent en contre bas,  un paysage à couper le souffle. Fatigué et inquiet par le fait que le soleil se couche bientôt il me faut absolument trouver un endroit plat pour installer ma tente.  Après un éboulement d'un gros bloc de pierre et de coups bâtons supplémentaires j'arrive au sommet.  Je trouve un endroit qui me paraît idéal pour monter ma tente, juste à côté de la neige éternelle.  Quelqu'un avait fabriqué un petit mur sur le prolongement de 2 gros rochers,  je comprendrais vite pourquoi. En plus des températures basses,  le vent était vraiment très fort,  et le petit muret n'était pas du tout suffisant.  Il ne m'aura jamais fallut autant de temps pour monter ma si petite tente.  Tout s'envolait au fur et à mesure que je sortais mon matériel.  Je devais donc être très prudent au risque de passer la nuit "dehors". Je décide  de remplir ma tente de roche pour ne pas qu'elle s'envole pendant que j'installais les arceaux. Me voilà enfin à l'intérieur avec mon sac et des roches sur tout le périmètre intérieur pour essayer de maintenir un semblant de carré, le vent est si fort que l'espace est divisé par deux. Je parviens à cuisiner une soupe pour me réchauffer un peu au milieu de ce vacarme incessant.  Et là je me dis que la nuit va être longue.  Je reste tout habillé avec mon manteau, gants,  bonnet écharpe,  j'isole le sol avec mon poncho,  couverture de survie plus mon tapis de yoga,  je me glisse à l'intérieur de mon sac à viande puis de mon sac de couchage,  je rabats mon bonnet sur mon visage complet tel une momie et me mets en boule.  Malgré toutes ces couches de vêtements j'ai froid,  et le vent plaque ma tente sur moi alors que je me suis volontairement mis en boule au milieu. Les cordes que j'ai fixées tout au tour de ma tente ne suffisent pas.  Le bruit est vraiment impressionnant même avec mes bouchons d'oreille. Je me réveille toutes les 45 mins à cause des températures,  et je regarde ma montre en attendant le lever du soleil.
Une fois celui ci levé,  je sors de ma tente et découvre un grand soleil,  quel bonheur ce "réveil" au milieu de ce parc naturel ! C'est alors que j'aperçois un groupe de 3 personnes à quelques vingtaines de mètres de ma tente marcher dans ma direction,  un groupe de randonneurs qui avait commencé dans la nuit avec les frontales pour être les premiers au sommet.  Surpris de me voir là,  ils me demandent si j'ai vraiment dormi ici.  Je profite de leur présence pour leur demander une photo souvenir de mon campement. Je finirais le reste de la randonnée avec eux,  avec une super météo...

Merci à Émilien pour ce partage, et pour avoir pris le temps de répondre à mes questions!

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